KYRIELLE

2022-2024

Un chapelet d’ondées, de tensions orageuses ; pluies mouvantes derrière lesquelles, cependant, l’éclaircie
ne sera jamais que voilée.

Communiqué de presse

Kyrielle - 50 x 50 cm

La toile Kyrielle aura donné son nom à la série dont elle fait partie - série de cinq toiles travaillées sur plus d'un an.

Je la regarde, et elle m’évoque une immersion : dans un flux continu, ininterrompu ; le mouvement, dans sa variation continuelle, et son élan presque lourd, lent, chargé. La recherche autour de cette variation sera prolongée sur l’ensemble des toiles.

Ce qui m’intéresse, c’est d’être prise dans un récit, de tenter moi-même de dire - d’une manière ou d’une autre.


À travers l’exposition dont la série KYRIELLE a fait l’objet, j’ai souhaité partager une partie de ce qui m’aura interrogée, intéressée, émue et traversée pendant la période de création. Ainsi, les toiles agencées étaient ponctuées de matière variée : extraits de quelques-unes de mes lectures, poèmes personnels, haïkus, morceaux de musique, annotations…

Cette ponctuation a été pensée comme une balade narrative, une invitation à picorer des fragments de ce qui aura eu un effet latent et certain sur moi et de fait, dans ma pratique en peinture.
Ce travail de mise en lien et de narration a grandement participé à donner une identité à chacune des toiles. C'est certainement pour cette raison qu’il m’a semblé naturel de souhaiter les nommer, pour la première fois.

Entre éclaircies et ondées

À l’occasion de l’exposition, j’ai choisi d’accompagner les toiles KYRIELLE d’une sélection d’oeuvres réalisées ces trois dernières années. Ainsi, l’on pouvait observer les accointances mais également l’évolution entre l’ouverture des premiers gestes - les Éclaircies - et la fouille plus mordue de ceux qui suivent, et qui font partie de la série KYRIELLE.

En reviendrai-je toujours à l’orage? - 100 x 81 cm

“Ce sont des dioscures, êtres tombés du ciel comme des météores, issus d’une génération verticale, abrupte.

[...] je tâtonne à la recherche de moi-même dans une forêt d’allégories.”

MICHEL TOURNIER
«Vendredi ou les limbes du Pacifique» - extrait

“Dans l’air vibre la corde
silence tendu silence rompu
chute mate d’une fleur de camélia.”

SÔSEKI

Pluie-vertige - 73 x 100 cm

“ L’antre-deux
eaux basses poussant nos sols
— haut
cairns en herbe
entre l’air, la soie

la peau

rivière roulante — coulant
à flots, filants

nos dé-corps
rapiécés en cailloux nus
ramassés
en racines d’eau

un prendre-corps
parmi le minéral

— souffles gorgés

les nuages sont tombés sur nous
plafond bas
dissimulant le monde
autour

la lune comme une caresse — masquée

la pluie aura fini par
tomber. ”

AOÛT 2023, VERTIGE EN COURS
Retour d’une marche en itinérance dans les Pyrénées.

Au cœur de ces toiles, les lueurs changeantes, les éclats en préparation et leur tumulte sourd, le mouvement lent et indistinct de ce qui se joue.

Derrière, les choses - 61 x 46 cm

“J’ai beau parler sans cesse à haute voix, ne jamais laisser passer une réflexion, une idée sans aussitôt la proférer à l’adresse des arbres ou des nuages, je vois de jour en jour s’effondrer des pans entiers de la citadelle verbale dans laquelle notre pensée s’abrite et se meut familièrement, comme la taupe dans son réseau de galeries.

Des points fixes sur lesquels la pensée prend appui pour progresser - comme on marche sur les pierres émergeant du lit d’un torrent - s’effritent, s’effondrent.

Il me vient des doutes sur le sens des mots qui ne désignent pas des choses concrètes.”

MICHEL TOURNIER
«Vendredi ou les limbes du Pacifique» - extrait

Accueillir le ravissement - 100 x 65 cm

“La quête est close. Elle l’est par un sentiment intérieur précis. La fin d’une errance.

Je ne cherche plus.
Mais rien ne résout son absence.
Rien ne la comble. 

Je ne refuse plus l’égarement et l’ombre.
Pour la première fois, disponible à la vie.”

ALEXANDRE BERGAMINI
 «Cargo-mélancolie» - extrait

Je me demande :
que sait-on du vertige?